Hydrothérapie


Exposition individuelle | Personal Exhibition
Centre d’exposition de l’UQAC, CA
1er octobre - 20 novembre 2025









Sanatorium de Roberval, c.1937 (I à X)
Verre coulé, sable, cuivre, acier | Cast glass, sand, copper, steel, 2024.


Cette série est issue d’empreintes d’argile et de cuivre prélevées sur l’ancien Sanatorium de l’Hôtel-Dieu Saint-Michel de Roberval, au Lac-Saint-Jean. Découpés puis transportés à l’atelier, les fragments ont été enrobés de plâtre pour former des moules, pressés ensuite dans le sable humide. Du verre en fusion y a été coulé, capturant les reliefs du lieu et s’incrustant de dépôts minéraux. Présentées dans l’espace d’exposition, les pièces de verre offrent une vision trouble du site historique : alignées à hauteur du regard et traversées par la lumière, elles révèlent dans l’épaisseur de leur matière les aspérités et résidus cristallisés.

Construit en 1937–1938, le sanatorium de Roberval s’inscrivait dans un réseau d’institutions érigées au Québec pour contrer l’épidémie de tuberculose. Il incarnait une utopie médicale où l’air, la lumière et l’eau étaient considérés comme des agents thérapeutiques essentiels. On y pratiquait la cure hygiéno-diététique : repos, exercice et alimentation, dans un environnement où la circulation des fluides était contrôlée pour fortifier le corps malade.

À la même époque, la société « L’Eau naturelle purgative de Chambord Ltée » commercialisait l’Eau Ternal, une eau saline, amère et fortement minéralisée. L’Hôtel-Dieu de Roberval en devint un client majeur, l’intégrant à son régime de soins contre les troubles digestifs, les rhumatismes et la laryngite, ainsi que pour des usages cutanés. Cette hydrothérapie traduisait une conception du corps perméable, qu’il fallait irriguer, purifier et équilibrer.

La courte histoire du sanatorium, marquée par une expansion continue jusqu’à l’arrivée des antibiotiques dans les années 1950, incite à réfléchir à son obsolescence actuelle et à l’évolution des mythes de guérison. Aujourd’hui encore, l’ingestion, l’immersion ou la mise en scène de l’eau structurent les imaginaires du soin. À l’image des fluides qui autrefois irriguaient le corps pour le soigner, ces fragments de verre coulé convoquent la mémoire des lieux curatifs, tout en évoquant la mutation de leur potentiel réparateur.

Alexia Laferté Coutu




Opuscule (PDF) - Texte de Jérôme Nadeau



Article - Le quotidien












































































Crédits photographiques: Canopée






















Intervention au Sanatorium Prévost, Cartierville, Montréal. Crédit photo : Stéphanie Auger










Je remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec de leur soutien.